Vers l'absence
Soudain, dans la lueur d’un crépuscule de Dordogne, le sapin d’un Noël dont on a oublié l’année s’inscrit, net, dans la géométrie d‘une fenêtre. Et c’est grand jour, au temps arrêté.
Dans la chambre que hantent les ombres furtives des visiteurs, ce sont les choses qui se noient peu à peu, semblant s’éloigner du lit. Le regard qui les cherche n’est déjà plus tout-à-fait là, ou c’est peut-être un peu de brume dans les yeux des témoins.
La main d’un enfant caresse le parchemin d’une peau qui frémit encore un peu. Un murmure, à peine audible, « c’est un bien joli petit ». La mémoire est vivante, comme le dessin parfait d’un fauteuil. Elle s’en ira en dernier ; elle tient, en elle, tout.
On dira les choses, plus tard, à l’enfance qui prend bien vite possession du décor déserté par les grands. Elle est là dans son rôle, l’enfance. Sereine et peut-être bien grave par instants, comme le monde autour d’elle.
Et capable, tout-à-coup, de rire aux éclats, grand soleil inondant le chagrin des vivants.